Livres d'artiste et livres "pauvres" 

Fille d’un libraire papetier, j’ai grandi dans l’odeur des livres, en faisant l’idiot de Dostoïevski mon coussin et l’anthologie de Yannis Ritsos  ma maison de poupée.  J’ai toujours écrit et crée des images, mais c’étaient des activités séparées. J’ai décidé d’assumer l'activité de l’écriture comme acte de création très récemment.  Car, en même temps, j’ai commencé à fabriquer des livres.

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Un livre édité industriellement, se lit en général de façon linéaire, une page après l’autre.  De gauche à droite ici, de droite à gauche ailleurs. Un livre d’artiste est toujours une invention de lecture : il peut se lire dans différents sens ou bien, se regarder.  Selon Aurelio Diaz, artiste du livre : "Ni livre courant qui se lit, ni œuvre picturale qui se regarde, le livre d'artiste se lit et se regarde, à la fois".

 

Le livre d’artiste m’a permis de réunir poésie, écriture manuscrite, dessin, fabrication manuelle et arts plastiques pour faire un objet de lecture. Quel artiste n’a pas rêvé de créer des objets qui parlent à tous ?

 

Mais est-ce que tout le monde peut déchiffrer ce langage ?

 

Comme je réalise aussi des interventions autour du livre d’artiste, je perçois parfois  la difficulté de partager mon amour pour cette forme de création. Surtout avec les plus jeunes qui lisent et écrivent sur écran. J’ai toujours envie de redonner du corps et de la matière à la lecture, l’odeur de la librairie de mon enfance me dit qu’il ne faut pas lâcher cette affaire…

 

C’est pourquoi, chaque fois qu’il y a un nouveau projet, je recommence en limitant les moyens matériels. Trop de matière c’est du bavardage gratuit… mois je cherche le mot juste. Ou bien, … le bon geste. C’est comme ça que mes recherches arrivent actuellement au livre « pauvre ». J’ai découvert Daniel Leuwers, Salah Stétié, Alechinsky, qui m’inspirent et me nourrissent.  

 

Un papier plié en deux et un stylo suffisent pour créer un livre.

Pour le reste, il faut lire.

Et écrire, ou dessiner...